Il est temps de reprendre nos conversations, réelles ou imaginaires. et puis c'est vrai puisque je l'ai inventé disait Vian...
(...) Quant
à moi... eh bien j'ai remué dans ma tête tout ce que nous nous sommes
dit hier au soir toute la nuit, essayant de comprendre ce sentiment
étrange qu'est la tristesse et un autre plus animal qu'on appelle la
peur.
Cette tristesse
est du au fait que je réalise rétrospectivement le mal que j'ai pu
faire à nos enfants en criant, en élevant la voix, en étant mal,
agressif, absent, en ne leur témoignant pas l'intérêt qu'ils méritaient,
sourd et aveugle à leurs peurs, leurs angoisses de nous voir nous
déchirer et nous séparer... Aujourd'hui ils sont ma joie et ma fierté,
c'est bête les papas... je me console en me disant qu'il n'est pas trop
tard même si le temps perdu ne se rattrape plus. J'ai surement beaucoup
raté la relation avec notre fille mais on a encore de jolies choses à vivre
tous les deux, il n'est probablement
pas tout à fait trop tard pour N. et je crois que ça se passe bien
avec le dernier. Il se rappellera quand il sera grand que son papa
l'amenait au cinéma un samedi sur deux sur sa moto et qu'il lui achetait
toujours des popcorns et une boisson. Que le soir il venait se glisser à
coté de moi dans le lit, son livre à la main pour que nous en lisions
quelques pages ensemble.
La
peur elle va surement grandir avec les échéances qui vont se
rapprocher, dont celle du jour où il faudra quitter la maison que nous
avions construite. Que se passera-t-il alors? Où irons nous? Que ferons
nous? Dans quel pays?
Il est
normal d'être triste parait-il. aurais je été un petit cran trop haut ces
derniers temps? Il est venu le temps de réaliser pleinement les pertes présentes et à venir: la fin du couple
idéal, la fin de certains rêves, les choses que nous ne feront plus
jamais de la même manière, voire plus du tout, ce qui se passe et dont
je ne profite plus quand je ne suis pas la et puis tout le reste, tout le reste...
Je
suis incapable de penser à demain, un comble pour moi qui n'est jamais
été dans le présent et qui me suis efforcé de toujours penser au coup
d'après. Le passé est devenu trop douloureux pour s'y promener et demain
est par trop un 'lointain incertain'. Je suis donc ici et maintenant,
un peu triste mais profitant de tous les instants que la vie m'offre
avec mes enfants, ils sont désormais mon unique joie. Banal, presque ballot.
J'ai
peur que nous recommencions et que nous retombions. Pas de plus grande
déception. J'ai peur que nous nous séparions et que nous commencions
autre chose avec quelqu'un d'autre chacun de notre coté, comme un pis
aller et que jamais nous ne revenions en arrière et que jamais nous ne
retrouvions ce truc entre nous qui faisait que c'était toi et que
c'était moi. J'ai peur de rater les vingt prochaines années. J'ai peur
du temps qui passe. J'ai peur de tout, j'ai peur de moi.
J'ai peur de ne plus jamais faire l'amour, de ne donner aucun plaisir. J'ai peur de ne plus jamais
parvenir à en éprouver moi même. Quelquefois je me dis que
ce serait mieux que tu trouves un autre partenaire qui te convienne
mieux, quelqu'un qui te fasse femme, quelqu'un qui arriverais à te
donner ce que je n'ai jamais pu te donner. Je l'imagine, peut être plus
grand, plus beau, rassurant, franc et direct, qui ne se pose pas autant
de questions et qui ira droit au but, un homme qui sache donner du
plaisir à une femme comme un homme, un peu virilement sans être macho
pour autant, pas comme un presque gai, trop précieux.
J'ai
peur du vide, de demain, de moi, de la solitude. J'ai été ébranlé dans
mes fondamentaux, j'ai perdu la confiance en moi que j'avais mis tant
d'années à commencer à éprouver. Enfant j'étais seul dans ma famille,
j'étais même le seul petit enfant de toute la famille. J'étais souvent
seul dans la cour car les autres me maltraitaient souvent. Il a
fallu que
je fasse rire pour qu'on me laisse tranquille, les forts en muscle
redoutent ceux qui mettent les rieurs de leur coté et ils firent de moi
souvent leur bouffon attitré.
Ma
femme était ma confidente, mon admiratrice, ma princesse, mon
inspiratrice.... Il y aura désormais mes enfants pour avoir confiance en
moi et peut être m'admirer un peu. J'ai perdu de mon verbe, de mon
assurance, de ma morgue diront certains. J'ai rabattu. Je me suis pris
pour un ange, je tutoyais les dieux, je croyais voler au dessus des gens
et des choses... Je suis retombé de mon Olympe de pacotille et mes
ailes se sont bien froissées. Je ne me sens plus attirant, juste un peu
plus vieux, un peu moche, un type quelconque, un mec qui divorce et qui a
trois enfants, qui va chez la psy... encore heureux que j'ai arrêté les
antidépresseurs, sinon je finissais dans le tableau dans la peau du
parfait antihéros de série B
sur France3 le vendredi soir en seconde partie de soirée avec Mimi Matie comme partenaire! Un type qui n'ose même plus appeler sa future ex-femme par son petit nom de peur de l’agresser... J'ai pris un vrai coup au casque je vous dis.
Je
vis également différemment l'exercice de mes weekends de libre. Pour
moi nul besoin fondamental de cette liberté. A la fin de la semaine je
n'aspire qu'à une seule chose c'est à profiter de chez moi, pour lire,
faire de la moto, jouer de la musique, en écouter, traficoter sur mon
I-Pad à coté d'un feu, une tasse de café à la main, le chien qui dort à
mes pieds, les enfants autour. Inviter des amis, imaginer le menu,
cuisiner pour eux, entendre des rires
autour de
la table. Au lieu de cela, je m'en vais, comme en un exil forcé,
banni... J'essaie de m'étourdir de sorties, je promène ma langueur et
mon mal du foyer d'expositions en concerts, de restaus en théâtres... je
promène mon ennui un livre à la main jamais ouvert. J'ai beaucoup
d'amis, je ne me plains pas. Ma famille est proche désormais, mon oncle
m'appelle à nouveau comme avant pour prendre de mes nouvelles ...comme
quand nous étions seuls tous les deux à Paris. Mon père est désormais présent.
Que la vie nous réserve d'étranges surprises. Ce qui me plait le mieux
dans ces weekends finalement c'est de voir qu'au moins ils te profitent.
Tu as l'air heureuse. Tant mieux, ça me rempli de joie de te voir
revenir le sourire aux lèvres, pleine d'idées, les bras chargés de
petites attentions pour les uns et les autres.
Passant souviens toi...
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